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CHAPITRE VII
PEINTURE DE L’HOMME EXTÉRIEUR.

La découverte de l’homme ne s’arrête pas à la peinture des individus et des peuples considérés au point de vue intellectuel ; même l’homme extérieur est étudié en Italie d’une tout autre façon que dans le Nord [1].

Nous ne nous aventurerons pas à parler du rapport de la science des grands médecins italiens avec les progrès de la physiologie ; du reste, l’étude savante et approfondie du corps humain forme une question étrangère à notre cadre et qui rentre dans le domaine de l’histoire de l’art. Toutefois, nous devons parler ici de l’éducation générale de la vue, qui rendait possible en Italie un jugement objectif, irrécusable, sur ia beauté et la laideur physiques.

Tout d’abord on sera étonné, à la lecture attentive des auteurs italiens d’alors, de l’exactitude, de la précision avec laquelle ils reproduisent les traits extérieurs, et du caractère complet que présentent chez eux bien des portraits [2]. Encore aujourd’hui, les Romains ont l’heu-

  1. Sans doute on voit souvent des littératures en décadence rechercher curieusement l’exactitude la plus parfaite dans les descriptions. Comp. p. ex. dans Sidoine Apollinaire le portrait dun roi wisigotb {Epist., I, 2), celui d’un ennemi personnel {Episi., III, 13) ou, dans ses poëmes, les types des différentes peuplades germaniques.
  2. Sur Philippe Villani, comp. p. 60 et note 1, même page.