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successeurs, ou comme les biographes des doges de Venise. Ils racontent la vie d’un homme quelconque, quand et parce qu’il a joué un rôle considérable. Outre Buétone, ils prenaient pour modèles Cornelius Nepos, les Viri illustres et Plutarque en général, en tant qu’il était connu et traduit ; en matière d’histoire littéraire, les vies des grammairiens, des rhéteurs et des poëtes, que nous trouvons dans Suétone[1], et la célèbre vie de Virgile, par Donatus, semblent les avoir surtout inspirés.

Nous avons rappelé plus haut (t. I, p. 182 ss.) comment le quatorzième siècle vit naître des recueils biographiques, des vies d’hommes illustres et de femmes célèbres. Les auteurs de ces ouvrages ne sont naturellement que des imitateurs de leurs devanciers, dès que leurs personnages ne sont pas des contemporains ; le premier écrit original, le premier chef-d’œuvre dans ce genre, c’est la vie de Dante par Boccace. Écrit d’une plume légère, hardie, souvent trop capricieuse, ce travail n’en fait pas moins sentir vivement tout ce qu’il y a eu d’extraordinaire dans la vie et dans la personne de Dante[2]. Puis viennent à la fin du quatorzième siècle les « Vite » de Florentius remarquables, par Philippe Villani. Ce sont des gens de toute espèce : des poëtes, des juristes, des médecins, des philologues, des théologiens, des astrologues, des artistes, des hommes d’État, des guerriers, dont beaucoup vivent encore. Florence est traitée dans cet ouvrage comme une brillante famille où l’on note les rejetons chez lesquels l’esprit de la maison s’est conservé dans toute sa force. Ces por-

  1. Je n’ose pas décider ä quelle époque Philostrate a écrit ses collections.
  2. Comp. le jugement remarquable porté par M. Landau, Boccace, p. 180-182.