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ces intermèdes. On vit là des luttes de guerriers romains qui agitaient en cadence leurs armes antiques au son des instruments ; des danses aux flambeaux exécutées par des nègres ; une danse d’hommes sauvages avec des cornes d’abondance d’où jaillissait du feu liquide ; ils formaient le ballet d’une pantomime qui représentait la délivrance d’une jeune fille menacée par un dragon. Puis il y eut des danses de fous portant le costume de polichinelle, qui se battaient à coups de vessies de porc, etc. À la cour de Ferrare, chaque comédie avait invariablement son ballet {moresca) [1]. Dans quelles conditions la représentation des Ménechmes de PJaute a-t-elle eu heu dans cette ville (en 1491, à l’occasion du premier mariage d’Alphonse avec Anne Sforza) ? Était-ce une pantomime accompagnée de musique plutôt qu’un drame ? Ce sont des questions difficiles à résoudre [2]. En tout cas, les parties intercalées étaient plus considérables que la pièce elle-même ; on y voyait uu chœur de jeunes

  1. Diario Ferrarese, dans Murat., XXIV, col. 404. D’autres passages sur le théâtre â la cour de Ferrare se trouvent col. 278, 279, 282 à 285, 36i, 380, 381, 393, 397. On voit par là qu’on représentait de préférence les pièces de Piaute, que ces représentations duraient souvent jusqu’à trois heures du matin, et qu’elles avaient lieu parfois en plein air. Sans doute ces ballets étaient composés sans esprit, et n’avaient nul rapport avec les personnes présentes ni avec l’événement qui devait être célébré ; aussi Isabelle de Gonzague, qui regrettait d’étre séparée de son mari et de son enfant, et qui d’ailleurs ne voyait pas de bon œil le mariage de son frère avec Lucrèce, pouvait-elle à bon droit se plaindre de ia O froideur » de celte noce et des fêtes dont elle fut l‘occasion.
  2. Strozzi, Pociœ, fol. 232, dans le livre IV de VEolosUcka de Tito Slrozza. Voici ces vers ;
    Ecco Éiiperreniens remm argumenta retenti
    Mlmus et ad populuitt verba disçrta refsrt.
    Tam sioailes habitu formaque et voce Meaxchml
    Bulcibus oblectaut lumiaa aostra modis.
    Les Mènechmcs furent aussi joués à Ferrare en 1486, et les frais de la représentation s’élevèrent à plus de 1,000 ducats. Mua., XXIV, 278.