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CHAP. V, — AFFAIBLISSEMENT DE LA FOI EN GÉNÉRAL. 347 nativement de rcxtréme énergie à rextrême abattement, de la certitude au doute et à la superstition, on voit nattre ici, dans un cercle * d’esprits d’élite, l’idée que le monde visible 8 été créé par le Dieu d’amour, qu’il est une reproduction du modèle préexistant en lui, et qu’il recevra toujours de son créateur le mouvement et la vie. L’ème de l’individu peut d’abord, au moyen de la connaissance de Dieu, faire entrer l’Être infini dans le cercle étroit qu’elle embrasse, et ensuite s’étendre elle-même indéfiniment grâce à l’amour divin : tel est le vrai bonheur sur la terre.

Ici les souvenirs des tendances mystiques du moyen âge viennent se mêler aux doctrines de Platon et à des idées essentiellement modernes. C’est peut-être ce concours d’idées qui a fait mûrir un fruit merveilleux, cette connaissance du monde et de l’homme qui suffirait à elle seule pour expliquer le rôle immense que la Renaissance de ritalie a joué dans l’histoire de notre civilisation.

  • Si Pulcî dans son Morgemie est sérieux quelque part quand il parle

de choses religieuses, c’est dans le ch. xvi, str. 6 : ce discours déiste de la belle païenne Antea est peut-être l’expression la plus nette des opinions qui avaient cours parmi les compagnons de Laurent. Les discours du démon Astarotb (cités plus haut^ p. 272, note !) eu forment en quelque sorte le complément.