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CIIAP. V. — AFFAIBLISSEMENT DE LA FOI EN GÉNÉRAL. 345 de leurs biens, de vivre ensemble de longues années dans la joie et dans la concorde, et de leur donner de nombreux descendants : « Je demandai pour moi la richesse, des amis puissants, des honneurs, et pour elle une réputation sans tache, une parfaite honorabilité et les vertus d’une bonne ménagère. » Si des vœux pareils revêtent de plus une expression bien antique, il devient difficile parfois de ne pas confondre les idées païennes et la conviction théiste*.

Parfois aussi ce sentiment se manifeste dans le malheur, et il apparaît alors avec une vérité saisissante. Il nous reste des dernières années de Firenzuola, alors qu’il était depuis longtemps miné par la fièvre, des invocations à Dieu dans lesquelles il se montre à la fois fervent chrétien et théiste pur*. Il ne considère ses souffrances ni comme une expiation de ses péchés, ni comme une épreuve et une préparation à une autre vie ; c’est une affaire entre lui et Dieu seul, qui a placé le violent amour de la vie entre Thomme et son désespoir. ^ Je me répands en imprccalions, mais seulement contre la nature, car ta grandeur me défend de te nommer... ; donne-moi la mort, Seigneur, je t’en prie, donne-la-moi àcette heure. » Sans doute on cherchera vainement dans cet exemple et dans d’autres du même genre la preuve palpable de l’existeoce d’un théisme complet et raisonné ; les théistes comme Firenzuola croyaient encore être chrétiens dans une cerlaioe mesure, et de plus ils respectaient, pour différentes raisons, la doctrine enseignée par l’Église. Mais â l’époque de la Réforme, lorsque la lumière se fit dans les esprits, les théistes virent plus clair duos leurs idées ; nombre de protestants italiens se déclârèrent ’ Voir à l’appendice n® 4.

  • FiftENZüOLA, Opcre, toI. IV, p 147 ss.