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830 MOEURS ET RELIGION.

voyait probablement en lui un auxiliaire utile pour ravenir, le complimenta même au retour, disant qu’il n’ovait jamais reocontré un homme d’un aussi ferme couratyc. Chaque lecteur se fera son opinion particulière sur l’opération elle-même ; l’essentiel, c’étaient sans doute les vapeurs narcotiques et rimagination préparée d’avance aux scènes les plus terribles ; c’est pourquoi le jeune spectateur, sur lequel la vue de ces mystères produit le plus d’impression, voit plus de détails que les autres. Mais nous pouvons deviner que c’était surtout Benvenuto qui et a en jeu, car s’il en avait été autrement, uue simple curiosité aurait été le motif de celle dangereuse expérience. Benvenuto doit, en effet, d’abord penser à la belle Angélique, et le magicien lui dit ensuite que l’amour est pure folie à côté de la découverte de trésors cachés. Eiibn il ne faut pas oublier que sa vanité était flattée de pouvoir se dire ; Les démons m’ont tenu parole, et juste au bout d’un mois la belle Angélique était en mon pouvoir, comme j’en avais eu la promesse, (Chap. Lxvm.) Mais qur.nd Benvenuto aurait fini par croire au pouvoir réel du magicien, cette histoire n’en garderait pas moins une grande valeur, comme exemple des idées qui régnaient alors.

D’ordinaire les artistes italiens, même ceux qui étaient fantasques, capricieux et bizarres », ne donnaient pas facilemeiit dans la magie ; sans doute on en trouve un qui, à l’occasion de ses études anatomiques, se taille uu pourpoint dans la peau d’un cadavre ; mais, sur les exhortations d’un confesseur, il remet celte dépouille dans un tombeau *. Ce sont précisément les fréquentes

  • Vasaui, Vlll, 143, Vita di Andréa da Fiesote. C’était Silvio Cosini,

qui d’ailleurs croyait aux formules magiques et aux billevesées de ce genre.