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CHAP. iV. — MÉLANGE DE SUPERSTITIONS ANTIQUES, ETC. 315 œil, etc,, ne suffisait pas. Comme nous l’avons vu en parlant de la Fiüicella (p. 240), le supplice du bûcher était leur châtiment, et pourtant le fanatisme est encore traitable : à Pérouse, par exemple, elles peuvent, aux termes d’une loi locale, se racheter en payant 400 livres*. En ce teraps-là la législation contre les sorcières était encore loin d’étre régulière et uniforme. Sur le territoire des Etats de l’Église, dans la région du haut Apennin, dans la patrie de saint Benoit lui-méme, à Norcia (Nursia), subsistait un véritable nid de sorcières et de magiciens. Le fait était de notoriété publique. C’est une des lettres les plus remarquables de la jeunesse de Sylvius Ænéas* qui nous renseigne à cet égard. Voici ce qu’il écrit à son fi ère : « Le porteur de la présente est venu chez moi pour me demander si je ne connaissais pas une montagne de Vénus en Italie, c’est-à-dire une montagne où Ton enseignait des secrets magiques que son maître, qui était Saxon d’origiue et grand astronome », désirait connaître. Je répondis que je connaissais un Porto Venere non loin de Carrare, sur la côte ligurienne, où j’avais passé trois nuits lorsque j’allais à Bâle. Je savais aussi qu’il CKistait en Sicile une montagne consacrée à Vénus ; c’est le mont Éryx ; mais je ne sache pas qu’on y enseigne la magie. Toutefois au milieu de la conversation je me rappelai que dans l’Ombrie, dans l’ancien duché (de Spolète), non loin de la ville de Nursia, se trouve au pied d’un rocher escarpé une grotte que tra-

  • Grazum, Arck. sicr., XVI, i, p. 565, ad a. 1445, à propos d une

sorcière de Nocera qui n’offrit que la moitié de la somme et qui fut brûlée. La loi frappe celles qui facciom le J’ature overo venejiue overo encantatione d’onmunde spirite a nuocere. (Notes 1, 2, ihid.) »Lib. I, ep. 46. Opéra, p. 531 ss. Au lieu d’umbra, p. 532, il faut lire Vnibria, et au lieu de lacum, locum. ® Plus tard il le nomme meiicus ducis Saxoniœ, homo tum dives tum potenê.