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ClíAP. ÍV. - MÉLANGE DE SUPERSTITIONS ANTIQUES, ETC. 311 rhospice *. — Ces idées étaient tellement naturelles que même des poëtes pouvaient y trouver des motifs populaires. C’est ainsi, par exemple, que Castiglione retrace avec beaucoup d’art l’apparition de Ludovic Pico, tué sous les murs de Mirándole assiégée L Sans doute la poésie aime le mieux mettre en œuvre ces moyens poétiques quand le poète lui-méme est inaccessible à ces superstitions.

La croyance populaire aux démons était donc la même en Italie que chez les peuples du moyen âge, On était convaincu que Dieu accordait parfois aux mauvais esprits de tout rang une grande puissance de destruction, qu’ils pouvaient exercer contre certaines parties du monde extérieur et contre la vie humaine ; mais on admettait du moins que l’homme assiégé parles tentations des démons pouvait leur opposer la résistance de sa libre volonté». En Italie surtout, rintervenlion des démons dans les phénomènes de la nature prend facilement dans la bouche du peuple un caractère de grandeur poétique. Dans la nuit qui précéda la grande iuoudatian de la vallée de l’Arno, eu 1333, uu des saints ermites qui habitaient au-dessus de Vallombrosa entendit dans sa cellule uu bruit infernal ; il se signa, se mit sur le seuil de sa porte et aperçut des cavaliers noirs, à l’air terrible, aux armes menaçautes, qui passaient au galop. Il conjura ces fantômes, et l’un d’eux lui dit : « Nous allons noyer Florence en punition de ses péchés, si Dieu le permet. Ou peut comparer à cette apparition celle qui eut heu à Venise,

  • Grazianl ârek. stor., XVI, i, p. 6Í0, ad a. Í467. L’éConome

mourut de frayeur.

Castilionu carmina ; Prosopapeja Lud. Pici, ® Voir à l’appendice n® 2.

  • Giov. ViLLANi, XT, 2, Il tenait le fait de l’abbé des Vallombrosans,

à qui l’ermite i’avait révélé.