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CHAP. III. — la RELIGION ET L’ESPRIT, ETC. 287 faire croire que sa vengeance tenait à d’autres motifs et à le présenter sous des traits ridicules. L’accusation d’incrédulité, de paganisme *, de négation de l’immortalité de 1 âme, etc., ne fut formulée que lorsque le procès de haute trahison intenté aux inculpés n’eut donné aucun résultat ; du reste, si nous sommes bien informé, Panl n’était pas homme à porter un jugement sur les choses de 1 esprit ; ignorant la langue latine et se servant de l’italien dans les consistoires et dans les négociations secrètes, il engageait les Romains à ne faire apprendre à leurs enfants que la lecture et l’écriture. Ses vues sont étroites comme celles de Savonarole (p. 248, 249) ; seulement on aurait pu répondre au pape Paul que si la culture éloignait les hommes de la religion, la faute en était surtout à lui et à ses pareils. Toutefois, il est certain que ies tendances païennes qui se manifestaient dans son entourage lui inspiraient de réelles appréhensions. Mais quelle a dû être la licence des humanistes de la cour de l’impie Sigismond Malatesla ? Certainement ces hommes, qui manquaient absolument de tenue et de flignité, allaient aussi loin que leur entourage le leur permettait. Et dès qu’ils touchaient au christianisme, ils le pagaaisaient.(T. I, p. 323, 330.) Il faut voirjusqu’où Jovianus Pontanus, par exemple, pousse le mélange des deux religions ; il appelle un saint non-seulement divus, mais Deus ; il regarde les anges et les génies de l’antiquité comme absolument identiques», et l’idée qu’il se fait de 1 Quod nimîum gentilüaîîs antatore» essemus. * Sans doute les emprunts faits au paganisme étaient parfois eicessifs. Des inscrintions récemment découvertes dans les catacombes prouvent oue les membres de l’Académie se désignaient sous le nom de mcer^ dotes, et qu’ils nommaient Pomponius Lætus pomifex maximus^ on donna même un jour â Platina le titre depater smctissimm Gre- ^OROYins, VII, p. 578, note.

» Tandis que ies arts plastiques faisaient du moins une dîstinc-