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S84 MŒURS KT RELIGION. que le Christ avait souffert, non par amour de Thuma- nité, mais sous Tinfluence des étoiles; de plus, il se per¬ mettait d’exprimer des idées bizarres en matière de sciences naturelles et de morale; il dut abjurer ses erreurs, et il les expia au fond d’un cloître, dans une détention perpétuelle Relativement au gouvernement du monde, les huma¬ nistes n’arrivent généralement qu’à envisager avec une froide résignation ce qui se passe autour d’eux sous le règne de la violence et du despotisme. C’est ce seutiment négatif qui a produit tant de livres « sur la destinée » ou portant d’autres titres de ce genre. Ces ouvrages se bornent la plupart du temps à constater les évolu¬ tions de la roue de la Fortune, l’inconstance des choses humaines, et surtout des choses politiques; on ne fait intervenir la Providence que parce qu’on a honte du fatalisme brutal, parce qu’on rougit de renoncer à dis¬ tinguer les causes et les effets ou de se contenter de vaines jérémiades. Jovianus Pontanus construit avec assez d’esprit l’histoire naturelle de cette puissance capricieuse qu’on nomme la Fortune; les matériaux qu’il emploie pour cela sont en grande partie des traits de sa propre vie*. Sylvins Ænéas traite le même sujet d’une manière plaisante, sous la forme d’un songe*. Le Pogge, au contraire, s'applique, dans un écrit qui est le fruit de sa vieillesse*, à représenter le monde comme une

  • G. VoiGT, Stlviüs Ænbas, III, 581. — On ne sait pas ce qui

arriva à l’évéquePetro u’Arandaqui, en 1500, avait nié la divinité du Christ, déclaré les indulgences nulles et sans valeur, les avait appelées une invention intéress e des papes, et qui avait coniesié l'existence de TenFer et du purgatoire. Voir sur ce sujet Buacuiani Diarium, éd. Leibnitz, p. 63 SS.

  • Jov. Pontanus, De fortuna Ubri tree, Optra, I, p« 702-93J, Voir

ion genre de tbéodicée, Opira, ii, p« 280* • STtvn ÆN. Opeta, p. 61Í. 4 PoGGius, De mietriie kmaana wnditiMÍ$,