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CllAP. III. — LA RELIGION ET L'ESPRIT, ETC. Î78 de sa mère, sainte Monique, un enthousiasme dont il faut peut-être rechercher la cause plus haut. Le résultat de ces aspirations à la fois païennes et chrétiennes fut que l’Académie platonicienne de Florence se proposa formellement pour but de fondre ensemble l’esprit du pagaoisrae et celui du cbristiaoisme : heureuse et louable tentative de l’humanisme d’alors *. En somme, ce dernier était profane, et il le devint davantage à mesure que l’étude de l’antiquité se géné¬ ralisa au quinzième siècle. Les humanistes, que nous avons appris h connaître plus haut comme les types de l’iodividualisme développé à l’excès, avaient presque tous un caractère tel, que même leurs sentiments reli¬ gieux, qui parfois s’affirment d’une manière très-posi¬ tive, peuvent nous être indifférents. Ils se faisaient une réputation d’athées quand ils poussaient le mépris de la religion jusqu’à proférer des propos impies contre l’Église; mais aucun d’eux n’a professé * ni osé professer un athéisme raisonné, philosophique. Leur système, -’ils en ont eu un, aura été plutôt une sorte de rationalisme superficiel, un mélange confus, formé des mille idées contradictoires des anciens, dont ils étaient forcés de s’occuper, et du mépris de l’Église et de sa docirine. » L’influence de la Renaissance sur les sentiments religieux se remarque fort bien dans l'introduction de Platina ^ sa vie de Jésus-Christ Paparum, au commencement). Le Christ, dit-il, réalise entièrement l’idée platonicienne de la quadruple nobiUtat, en vertu de son genus ; Quem enim ex gentilibus habemus qui glotiti. et nom'.ne cum David et Salomone qnique sapientia et doctrina cum Christo ipso coH/erri meriio debeat et possit, — De même qu’on cherchait à pénétrer l’esprit de l’antiquité, de même on s’efforçait de com¬ prendre celui de l’ancien judaïsme et celui du christianisme; Pic, mais surtout Pietro Galatino, cherchèrent à montrer que les dogmes chrétiens sont pressentis et formulés dans la doctrine secrète des Juifs et dans les écrits talmudiques.

  • Sur Pomponazzo, comp. les ouvrages spéciaux, entre autres

Hisser, Histoire de la philosophie, t. IX.