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CUAP. III. — LA RELIGION ET L’ESPRIT, ETC. 275 €t en 1117 une punition du ciel, le châtiment des hérésies, et « notamment des débauches et de la corruption de la damnable secte des épicuriens ». Il dit de Manfredi : a Sa vie est celle d’un pourceau d’Épicure, car il ne croit ni à Dieu ni aux saints, et ne vit que pour les plaisirs du corps. »

Dante s’exprime plus nettement dans le neuvième et dans le dixième chant de Enfer. Le terrible champ des tombeaux, sur lequel courent des feux étrangles, ce champ, avec ses sarcophages entr’ouverts d’où s’échappent des plaintes et des cris de désespoir, est Tasile des deux grandes catégories de gens que l’Église du treizième siècle a vaincus ou répudiés. Les uns étaient hérétiques et combattaient l’Église par de fausses doctrines, qu’ils répandaient à dessein ; les autres étaient des épicuriens, et leur tort envers l’Église consistait dans un ensemble de sentiments et d’opinions qui se résument dans la proposition suivante : c’est que l’âme périt avec le corps’. Or, l’Église savait fort bien que cette seule proposition, si elle gagnait du terrain, serait plus funeste à sa puissance que le manichéisme lui-méme, parce qu’elle annulait l’effet de son intervention dans la destinée de environ soixante-dix ans auparavant. La définition de Guill. Mal-MESBUR. , 1. III, p. 237, ed, Londin., 1840, p. 405 ; Epieureorum... qui opinantur animam corpore soluîam !» aerem evanescere, in auras efjîuere. ’ Que l’on compare les arguments qui se trouvent dans le troisième livre de Lucrèce. Quoi qu’il en soit, plus tard ou se servit du nom d’épicuriens contre tous ceux auxquels on en voulait à cause de leurs opinions antérieures ou de leur hardiesse. Gomp. surtout les accusations dirigées par Fra Antonio da Bitonto et par ses amis contre Lorenzo Valla, accusation dont parle celui-ci dans VAnfidoion in Poggium, lib. IV, 0pp. (Bâle, 1543), p. 356 SS. et Apologim pro se et contra calumniatores ad Èugenium IV, 0pp. Dans ce dernier passage se trouve une remarquable apologie d’Épicure : Qui» eu parcior, guis contineniior, quis modestior, et qnidem itt nuUo philosophorsm omnium minus inoenio fuisse viüorum plurimigue honesti vîrt cum Grmco^ rum tum Îtomanorum EpicureifuerunU