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264 MOEURS ET RELIGION.

et la plus affreuse famine que la terre eût jamais vues ; ceux qui jeûneraieal, disait-il, pourraient échapper à ce malheur, car ainsi Tavait prédit la Madone à de pieux et saints personnages ’. La cour ne put échapper à l’obligaiion de jeûner ; elle prit même la direction du mouvement. Le 3avril (jour de Pâques), parut un édit contre ceux qui blasphémeraient le nom de Dieu et de la Sainte Vierge, contre les jeux défendus, la sodomie, Je concubinage, les maisons publiques ; il fut défendu à tous les marchands, excepté aux boulangers et aux fruitiers, d’ouvrir leurs boutiques les jours de féte, etc. ; les Juifs et les Maures, qui étaient venus en grand nombre de rEspague pour se réfugier à Ferrare, ne devaient se montrer qu’avec leur O en étoffe jaune cousu sur la poitrine. Les contrevenants furent menacés non-seulement des peines édictées par les lois antérieures, mais encore des peines plus graves que le duc trouverait bon de décréter ; l’iniliative de ces décrets devait appartenir pour un quart au duc, pour les trois autres quarts à l’accusateur et aux autorités. Pendant quatre jours de suite le duc, avec toute sa cour, assista au sermon ; le 10 avril, tous les Juifs de Ferrare furent obligés de s’y rendre ». Mais le 3 mai, le directeur de la police, ce fameux Gregorio Zampantc dont il a été question déjà plus haut (t. 1, p. 64), fit publier l’ordre suivant : celui qui avait donné de l’argent aux estafiers pour ne pas être dénoncé comme blasphémateur, devait se présenter pour être remboursé, sans préjudice des dommages et intérêts qu’il aurait â toucher ; en effet, ces misérables avaient ^ Ad uno santa o tanto donna, dit le chroniqueur ; il était défendu aux marîtaii d’avoir des concubines. » Le sermon tait surtout à l’adresse des Juifs. Après le sermon, on 1 aplisa un iuif, ma non di quelli, ajoute le chroniqueur, cAe eranc stali a iidiré la Prédira.