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260 MŒURS ET RELIGION.

de l’expression lyrique du déisme, ce qu’on trouve surtout dans ces œuvres, c’est le sentiment du péché, (a conscience de la rédemption par la mort dn Christ, le désir d’un monde meilleur ; l’intercession de la Vierge n’y figure ’ qu’à titre tout à fait exceptionnel. C’est le même phénomène qui se reproduit à l’époque de la culture classique des Français, dans la littérature du siècle de Louis XIV. Ce n’est que la contre-réforme qui fait rentrer le culte de Marie dans le domaine de la poésie italienne. Sans doute dans l’intervalle les arts plastiques avaient créé des merveilles pour la glorification de la Madone. Enfin chez les esprits cultivés le culte des saints prenait fréquemment (t. I, p. 73, 331 ss.) une couleur essentiellement païenne.

Nous pourrioQ.s eiaminer ainsi différents autres côtés du catholicisme italien de cette époque et retrouver jusqu’à un certain point le sentiment religieux tel qu’il existait chez les gens éclairés, sans toutefois arriver à un résultat définitif et concluant. U y a des contrastes difficiles à expliquer. Peudaiit qu’on bâtit, qu’on sculpte et qu’on peint sans relâche pour élever ou pour décorer des églises, nous entendons retentir au commencement du seizième siècle les plaintes les pins amères sur le relâchement des fidèles et sur la désertion des églises : Templt ruunt, passim sordeut altaria, cultus Paulatim divinua abit» !...

Tout le monde sait combien Luther a été choqué de la 1 Les rares et froids sonnets de Vîttoria en Vhonneur de la Madone sont instructifs à cet égard. (Édition de P. Visconti, Rome, tSiO, n. 85 et ss.)

• Bapt Mantuan., Dt sacrîs éUehts, t. V, et surtout le discours de Fie le jeune, qui devait être prononcé au concile de Latr^n ; comp. plus haut. 1.1, p. 163, note 4 ; voir dans Roscoe, Leone X, ed. Bossi, vol. VIII, p. 115.