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354 MŒURS ET RELIGION.

des cérémonies païennes une foule d’usages et de rites de l’Eglise catholique ; d’autre part, un grand nombre d’usages locaux et populaires qui se sont rattachés à des fêtes religieuses, sont des restes inconscients du paganisme antique. Mais ies campagnards italiens avaient conservé bien des pratiques qui accusent un reste de paganisme. Tels sont ces mets qu’on plaçait sur les tombeaux quatre jours avant ia féte de Saint-Pierre ès Liens, par conséquent le jour des fêtes qu’on célébrait autrefois en l’honneur des mânes (Î8 février)*. Peutêtre d’autres traditions de ce genre s’étaient-elles conservées et n’ont-elles disparu que depuis la Renaissance. Peut-être n’est-ce qu’un paradoxe apparent que de dire qu’en Italie les croyances populaires étaient d’autant plus tenaces qu’elles se rattachaient de plus près au paganisme.

Il serait assez facile d’indiquer jusqu’à quel point ces sortes de croyances étaient répandues dans les classes élevées. Ainsi que nous en avons fait la remarque à propos de l’influence du clergé, elles avaient pour elles la

  • Bapt. Mantuan., De saerit diebtu, s’écrie :

Ista supentiLio» ducens a Manîbus ortuDA Tartareis. saricta de reitgione faces&at Chri&tigenûm ! tîtis epulas date, sacra sepaltU. Un siècle auparavant, lorsque Vannée de Jean XXII alla faire jnstice des Gibelins de la Marche, rexpédition eut pour motif l’accusation formelle d’eresta et à’idolatria ; Recanati, qni se soumit volontairement, n’en fut pas moins brûlé, sous prétexte > qu’on y avait adoré des idoles >, mais en réalité pour venger la mort de nombreuses victimes frappées par les habitants de la ville, i. iov. ViLLANi, IX, 139, 141. — Sous Pie II parait un adorateur obstiné du soleil, Urbinate de naissance. Stlvii Æn. Opéra, p. 389, Hiti. rer. nbique gestar,, ch. xii. — Le fait le plus extraordinaire se passa sous Léon x, ou plutôt dans l’intervalle qui sépare le pontificat de Léon de celui d’Adrien, juin 1552 (Gregoroyius, VIII, 388), en plein Forum, à Rome : à l’occasion d’une peste, on sacrifia solennellement un taureau à la manière des païens. Paul Jovius, Hist., XXI, 8.