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CHAPITRE II. — LA RELIGION DANS LA VIE JOURNALIÈRE. 258 abstraction faite du sacerdoce et du monachisme, on la trouvera tantôt dérisoire, tantôt immense, selon qu’elle apparaîtra par un certain côté et sous un certain jour* Nous avons déjà parlé des sacrements et des bénédictions considérés comme n’étant pas indispensables (t. I* p. 131; t. II, p. 234); jetons maintenant un coup d’œil sur Tétat de la foi et du culte dans la vie journalière. Sur ce point la masse et ses habitudes, ainsi que le compte que les puissants tiennent de l’une et des autres, sont d’un poids décisif. L’esprit de pénitence et l’aspira¬ tion au salut éternel par les bonnes œuvres existaient chez les paysans et dans les classes inférieures dans la même proportion que chez les peuples du Nord, et se rencontraient même quelquefois chez des hommes cultivés. Les côtés par lesquels le catholicisme populaire se rattache à l’antiquité, au paganisme, les invocations, les présents, les expiations subsistent chez le peuple en dépit de tout. La huitième églogue de Batlista Manto- vano, citée déjà dans une autre circonstance *, contient entre autres la prière d’un paysan à la Madone; la Vierge y est invoquée comme protectrice spéciale de tous les intérêts de la vie champêtre. Quelles idées le peuple se faisait-il de la valeur de certaines madones dont on implorait le secours? que penser de la dévotion de cette Florentine * qui offrit à un saint un tonnelet de cire comme ex-voto, parce que son amant, un moine, avait pu vider un petit fût de vin sans que le mari absent s’en aperçût? De même certains saints étaient les patrons de corporations déterminées; c’est un fait qui subsiste encore aujourd’hui. On a souvent essayé de ramener à

  • Avec le litre : De rusticorum religione. Comp. plus haut, p. 97.
  • Franco Sagchetti, nov. 109, où l’on trouve encore d’autrei

traits du même genre.