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«flAPITRE 11. — LA RELIGION DANS LA VIE JOURNALIÈRE. 237 rcxhibition de fausses reliques ’, et d’admirer les graods, les véritables orateurs chrétiens. Ceux-ci constituent en Italie une réelle spécialité du quinzième siècle. L’Ordre — c’était généralement celui de Saint-François. et particulièrement celui qu’on appelle l’Ordre de l’Observance — les envoie partout où on les demande. C’est ce qui arrive principaieraenl quand il y a des villes ou des particuliers divisés par de violentes discordes, quand l’immoralité augmente, que les crimes sc iimitiplieut ou qu’une épidémie désole une contrée. Mai.s dès que la gloire d’un prédicateur s’est bien répandiie, les villes le demandent même sans motif particulier ; il va partout où l’envoient ses supérieurs. Une branche spéciale de cette activité, c’est la prédication de la croisade contre les Turcs* ; mais nous n’en dirons rien, car nous devons nous borner à parler des exhortations à la pénitence. Les sermons, quand on observait un ordre méthodique, traitaient simplement des péchés mortels, ainsi que l’Église les énumère ; mais plus la circonstance est solennelle, plus le prédicateur se hâte d’arriver a l’objet principal de son sermon. U commence à parler dans une de ces vastes églises comme en possédaient les Ordres ’ comp. la farce du Decanurotu, vi, nov. 10. Le frère cipolla promet à quelques villageois de leur montrer une plume de range Gabriel, et, comme au lieu de plumes il ne trouve dans sa cassette que des charbons, il leur fait accroire que ce sont les charbons sur lesquels a été grillé saint Laurent.

  • Ces exhibitions prenaient en Italie une couleur toute particulière.

Comp. Malipiero, Ann. Venet,, Arch. stor,, VU, i, p. 18 — Chron, Venelum, dans MüRAT., XXIV, <’0l. 114- — Storia Bresciana, dans morat-, xxi, col. 898. Dans le pç^mier passage, les prédicateurs promettent rindulgence plénière à ceux qui iront guerroyer contre les Turcs, comme s’ils avaient assisté au jubilé, à Rome ; dans le second passage, ils promettent à ceux qui payeront pour la guerre contre les Turcs des indulgences proportionnées à rimportance des sommes versées ; le don de 29,000 ducata entraîne l’indulgence plénière.