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233 MŒURS £T RELIGION.

la réputation que s’étaient faîte le clergé séculier et les moines a dû ébranler les conrictions religieuses d’une foule innombrable de gens.

Quels jugements terribles ne trouve-t-on pas chez les auteurs ! Pour finir, nous n’en reproduirons qu’un, parce qu’il vient seulement d’étre publié et qu’il est encore peu connu.

Guichardin, l’historien et le secrétaire des papes de la famille de Médicis, dit (1629) dans ses Aphorismes ’ .* « Personne n’est plus choqué que moi de l’ambition, de la cupidité et de Pinconduite des prêtres, autant parce que chacun de ces vices est haïssable en lui-même, que parce que chacun isolément ou tous réunis sont peu convenables chez des gens dont la vie devrait être tout entière consacrée â Dieu ; enfin, parce qu’ils sont tellement contraires les uns aux autres, qu’ils ne peuvent se trouver réunis que chez des individus extraordinairement dépravés. Pourtant la position que j’occupais à la cour de plusieurs papes m’a forcé, dans mon propre intérêt, de travailler à la grandeur de mes maîtres. Autrement, j’aurais aimé Martin Luther comme moiméme, non pas pour m’affranchir des lois que nous impose le christianisme tel qu’on le définit et qu’on le comprend généralement, mais pour voir remetlre à leur place cette foule de misérables {qttetta caterva di sceUrati), de manière qu’ils fussent obligés de vivre sans vices ou sans puissance. »

Le même Guichardin croit aussi* qu’en matière de choses surnaturelles nous sommes toigours dans une Sacerdotüus magna ratîone tublata, nuptia* wtajori restituendas videri, était une de ses sentences favorites. Platina, Vitm Pontiff., p. 811.

  • Ricordi, n. 28, Opere inedite, vol. I.
  • Ricordi, n. 1, 123,125.