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336 MOEURS ET RELIGION. Sacchetti, on dirait, à voir ces attaques violentes contre les moines et les nonnes, que le sujet est épuisé. Mais vers Tépoque de la Réforme, la virulence des écrivains grandit encore. Nous renonçons volontiers à citer Aré¬ tin, parce que, dans les Ragiommenti, la vie monacale n’est pour lui qu’un prétexte à développer libremeut des idées toutes personnelles; mais nous invoquerons le témoignage que Massuccio nous fournit dans les dix premières de ses cinquante nouvelles. Ces récits ont été écrits sous rinfluence de la plus profonde indignation et dans un but de propagande; l’auteur les a dédiés aux plus grands personnages, même au roi Ferrante et au prince Alphonse de Naples. Quant aux histoires ellcs- mémes, elles sont anciennes pour la plupart, et quelques- unes ont été déjà racontées par Boccace; mais il en est qui sont d’uue terrible actualité. L’exploitation des masses populaires par de faux miracles, jointe à la conduite scandaleuse du clergé, a de quoi révolter le spectateur qui raisonne. En parlant de minorités qui parcourent le pays, l’auteur dit : « Ils trompent, volent et paillardent, et, quand ils sont à bout d’expédients, ils prennent des airs de saints et font des miracles, l’un montrant l’habit de saint Vincent, l'autre un écrit' de saint Bernardin, un troisième la bride de l'âne de Gapis- trano. » ...D’autres « s’ai^oignent des comparses qui font semblant d’étre aveugles ou malades à la mort, et qui tout à coup guérisseut au milieu de la foule, en tou¬ chant le bord de leur froc ou les reliques qu’ils ont apportées; là-dessus, tout le monde crie au miracle, on sonne les cloches et l’on rédige des procès-verbaux solennels qui n’en Buissent pas ». Souvent ou voit 1 vOrdine. Il s’agU probablement de son tableau portant l'inscription IHS,