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CHAPITRE II
LA RELIGlON DANS LA VIE JOURNALIÈRE

À la moralité d’un peuple se rattache étroitement la question de l’idée qn’il se fait de Dieu, c’est-à-dire de sa croyance plus ou moins ferme à l’intervention divine dans le gouvernement du monde ; peu importe d’ailleurs qu’il se figure l’humanité comme étant destinée au bonheur ou au malheur, et à une destruction prochaine [1]. Or, l’incrédulité italienne est chose avérée ; celui qui voudra en chercher la preuve n’aura pas de peine à réunir des centaines de témoignages et d’exemples. Ici encore notre tâche est de trier et de choisir ; quant à porter un jugement général et définitif sur cette question, nous n’en avons pas la prétention.

L’idée religieuse avait en primitivement sa source et son point d’appui dans le christianisme et dans la forme puissante qn’il avait revêtue. Lorsque l’Église dégénéra, l’humanité aurait dû distinguer et rester fidèle à sa religion. Mais cela est plus facile à dire qu’à faire. Tous les peuples ue sont pas assez apathiques ou assez inintelligents pour supporter une contradiction permanente

  1. Il s’est produit bien des opinions différentes à cet énard suivant les lieux et les personnes, la Renaissance a eu des rilies et des époques où l’on ne songeait qu’à jouir franchement de l’existence. Ce n’est qu’au seizième siècle, alors que la domination étrangère s’est établie en Italie, que les idées s’assombrissent.