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CHAPITRE PREMIER. — LA MORALITÉ. 216

maisoa d’Aragoa, la république de Venise et plus tard les agents de Charles-Quint se permettaient tout ce qat paraissait utile à leurs desseins.

L’imagination des Italiens se familiarisa peu à peu avec les imts de ce genre, au point qu’oa n’admettait pTus guère qu’un personnage puissant pût mourir de sa belle mort *. Sans doute on se faisait parfois une idée exagérée de la puissance des poisons. Nous voulons bien croire que la terrible poudre blanche des Borgia (t. 1, p. 146) pouvait être administrée de manière à djnaer la mort dans un délai fixé d’avance ; de même il est possible que le prince de Salerne se soit servi d’un venenum attermi^ natum contre le cardinal d’Aragon, lorsqu’il lui versa le breuvage mortel eu lui disant : « Tu mourras dans quelques jours, parce que ion père, le roi Ferrante, a voulu nous écraser tous*. » Mais nous doutons fort que Id lettre empoisonnée que Catherine Riario envoya au pape Alexandre 11 * eût coûté la vie à ce poiilife, même s’il l’avait lue ; cl lorsque Alphonse le Grand reçut de ses médecins le conseil de ne pas lire dans le Tite-Live que lui avait donné Còme de Médicis, il leur répondit certainement avec raison : Cessez de parler aussi sottement Enfin le poison dont le secrétaire de Piccinino voulais

  • M, Broscha tiré des archives vénitieones {voir Itemekîsi., XXVU,

p. 295 ss.) des nouvelles où il est question de cinq propositioifs, approuvées par le Conseil, d’empoisonner ie sultan (147i-i504), du projet d’assassiner Charles VIII (1495), et de la mission confiée au. provéditeur de Faenza de faire tuer César Borgia (1504).

  • Infessura, dans Eggard, Scriptores, II, col. 1956.
  • Chron. Venetum, dans Mürat., XXIV, col. 131. — Dans le Nord

on se faisait une idée encore plus exiraordinaire de l’art d’empo^ÎK sonner chez les italiens ; voir dans Juvénal des Ursins, ad a, 1383 ! (ed. Buchón, p. 336), la lancette de l’empoisonneur que le roà Charles de Duras prit à son service ; il suffisait de la regarder fixement pour tomber foudroyé.

» Petr. CaiNirüS, De honesta disciplina, 1. XVllI, cap. IX,. .