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214 MŒURS ET RELIGION.

aux Floreotius, c’est que chez cette population, la plus éclairée de l’Italie, la proportion de ce genre de crimes est moindre qu’ailleurs ; cela tient peut-être à ce que Florence avait encore une justice qui faisait droit à des plaintes fondées, ou qu’une culture intellectuelle plus avancée lui faisait voir sous un autre jour ce prétendu droit de condamner et de frapper un ennemi. A Florence plus qu’ailleurs on savait calculer les suites l’un meurlre, et l’ou reconnaissait combien peu l’inslij ^aleur d’un crime soi-disant utile est sûr d’obtenir un avantage réel et durable. Après la ruine de la liberté florentine, les assassinats, parliculièremeut les assassinats payés, se multiplièrent rapidement, jusqu’au moment où le gouvernement et la police * de Còme I" furent assez forts pour réprimer toutes les sortes de méfaits.

Dans le reste de rit ;.lie, les crimes payés ont dû être plus fréquents ou plus rares selon qu’il y avait beaucoup ou peu d’instigafeurs riches et puissants. Il ne saurait venir à l’idée de personne de faire celle statistique ; mais si de toutes les morts qualifiées de violentes par l’opinion publique, quelques-unes seulement étaient le résultat d’un crime, cela suffirait pour faire un chiffre considérable. Les princes et les gouvernements étaient les premiers à donner l’exemple : ils ne se faisaient aucun scrupule de regarder le meurtre comme un moyen d’assurer leur toute-puissance. 11 n’était pas besoin pour cela de s’appeler César Borgia ; même les Sforza, la

  • Personne ne pourra donner des preuves positives à cet égard ;

mais il est rarement question de meurtre, et rimagination des éci-ivains florentins de la bonne époque n’est pas remplie de soupçons de ce genre.

  • Voir là-dessus la relation de Fedeli dans Alberi, série

II, vol. I, p. 353 ss.