Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE PREMIER. — LA MORALITÉ. 211

avec ses hardis vagabonds, ses mendiants insolents et ses chevaliers rapaces, offrait en somme plus de sécurité, si la vie humaine y était mieux garantie qu’en Italie. Mais ce qui est certain, c’est que dans ce dernier pays le crime prémédité, payé, accompli par des tiers, érigé à l’état de profession, avait pris une grande et terrible extension.

Si nous considérons le brigandage, nous voyons qu’en ce temps-là l’Italie n’a peut-être pas été plus affligée de cette plaie que la plupart des pays du Nord ; nous constatons même que certaines contrées privilégiées, telles que la Toscane, eu ont moins souffert. Mais le brigandage a produit des figures essentiellement italiennes. On ne trouvera guère ailleurs le type du prêtre égaré par la passion et tombé de chute en chute jusqu’au rang de chef de brigands, dont cette époque nous fournit entre autres l’exemple suivant *. Le 12 août 1405, le prêtre don Nicolo de’ Pelegati, de Figarolo, fut enfermé dans une cage de fer au pied de la tour de S. Giuliano, à Ferrare. il avait dit deux fois sa première messe ; pour débuter il avait, le même jour, commis un meurtre, dont il était allé sc faire absoudre à Rome ; dans la suite il tua quatre personnes et épousa deux femmes, avec lesquelles il courut le monde. Ensuite il assista à des meurtres eans nombre, viola des femmes, en enleva d’autres, vola et [ jUa sans trêve, tua encore nombre de personnes et parcoL.ut le pays de Ferrare avec une bande armée et vêtue de l’uniforme, rançonnant tout le monde et mettant à mort ceux qui hésitaient à lui donner de la nourriture et un gite. Si par la pensée on ajoute à ces mèfails tous ceux » Diario Ferrarese, dans Mürat., XXIV, col. 312 SS. On se rappelle à ce propos la bande du prêtre qui, quelques années avant 1837, inquiétait les populations de l’est de la Lorabardie,