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CHAPITRE PREMIER. - LA MORALITÉ 209

rieur, peu de respect pour un état illégitime foudé sur la violence, et en général on ne croit plus à la justice ies tribunaux. Quand un meurtre est commis, on se déclare involontairement pour le meurtrier, même avant de connaître les détails dn crime b Une contenance virile et fière avant et pendant le supplice excite une telle admiration que ceux qui racontent Texécuüon oublient facilement de dire le motif de la condamnation*. Mais quand au mépris de la justice et a ix vendettes sans fin vient s’ajouter encore l’impunité, l’État et ia société civile semblent parfois près de se dissoudre. Naples traversa des crises de cette espèce eu passant de la domination aragonaise sous celle de la France et de l’Espagne ; Milan connut aussi des phases pareilles sous les Sforza tour à tour exilés et restaurés. Alors on volt surgir ces hommes qui, au fond, n’ont jamais reconnu l’État et la société, et qui se livrent sans frein à leurs instincts rapaces et meurtriers. Cherchons un exemple de ce genre dans un cercle restreint.

Lorsqu’en 1480, après la mort de Galéas-Marie Sforza, le duché de Milan était agité par des crises intérieures (voir plus haut, t. ï, p. 51 ss.), il n’y avait plus de sécurité dans les villes de la province. Il en fut de même à Parme», où le gouverneur milanais, effrayé par des projets de meurtre dirigés contre lui, essaya d’abord ^Piaecia ed Signore Iddio ckê non ii ritrom, disent dans CiRilDI, III, nov. 10, les femmes de ia maison, quand on leur raconte que le crime pesiL coûter la tête au meurtrier. »C’est ce qui arrive, par exemple, à Jovianus Pontanus, (De/ortitudine, 1. 11.) Ses héroïques Ascolans, qui passent leur dernière nuit à danser et àch nter. la mère ahruzze qui encourage son fils marchant au supplice, etc. appartiennent probablement à des familles de brigands, ce qu’il passe toutefois sous silence. » Diarium Parmenst, daos MüftAT., XXII, col. 330 i 349 passm. lé •Mme col. 340.

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