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202 MOEURS ET RELIGION.

moderne seul est, ainsi que l’homme de l’aDtiquité, un microcosme sous ce rapport, ce que l’homme du moyen âge n’était pas et ne pouvait pas être. Ce qu’il faut remarquer tout d’abord dans les nouvelles, c’est la morale. Gomme nous l’avons fait observer, i ! s’agit, dans la plupart de ces récits, de femmes mariées et, par conséquent, d’adultère.

L’idée que nous avons rappelée plus haut (p. 142 ss.), savoir que la femme était cousidérée comme l’égale de l’homme, esl de la plus haute importance. La femme cultivée et développée sous le rapport iodividuel dispose d’elle-même avec une liberté bien plus grande que dans le Nord, et l’infidélité n’aboutit pas pour elle à une catastrophe dès qu’elle peut s’assurer contre les suites matérielles de sa faute. Le droit du mari à sa fidélité n’a pas cette base solide qu’elle doit, chez les hommes du Nord, à la poésie et à ia passion qui se déploie à l’occasion de la recherche en mariage et des fiançailles. La fiancée n’a pas le temps de faire la connaissance de son époux futur ; elle sort de la maison paternelle ou du couvent pour entrer brusquement daus le monde, mais à partir de ce moment sou individualité se développe avec une rapidité extraordinaire. C’est surtout pour cette raison que le droit du mari à la fidélité de sa femme est très-conditionnel ; même celui qui le considère comme un jus quæsitum ne le rapporte qu’au fait extérieur et non aux sentiments. La beHe jeune femme d’uu vieillard, par exemple, repousse les cadeaux et les messages d’un jeune amant, avec la ferme inteuiion de garder son honneur (honestà). u Mais elle a vu pourtant avec plaisir l’amour du jeune homme à cause de ses grandes qualités, et elle a reconnu qu’une femme pure et généreuse peut aimer uu homme distingué sans forfaire à Thon-