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CHAPITHB PREMIBR, - lA MORALITÉ. 1«

Mais d’auires peuples, quand même ils ne pardonnent pas plus facilement, peuvent du moins oublier plus vite tandis que l’imaginatiou italienne garde dans toute sj vivacité l’impression de i’injure reçue ■. En même temps dans la morale du peuple, la vengeance est considérée comme un devoir, et cette idée barbare est souvent la cause première d’horribles représailles. Les gouvernements et les tribunaux des villes reconnaissent l’existence et la légitimité de cette passion, et se bornent à en prévenir les excès par trop monstrueux. Même parmi les paysans, on trouve des festins de Thyeste et des meurtres sans fin-un seul témoignage suffira pour le prouver ». Dans la campagne d’Acquapendente trois jeunes pâtres gardaient le bétail. L’un d’eux dit : Nous allons cLyer comment on pend les gens. Pendant que l’un était assis sur l’épaule de l’autre et que le troisième, après avoir pa.ssé le nœud coulant autour du cou de ce dernier, atta^ chait la corde â un chêne, un loup vint à déboucheraussitôt les deux s’enfuirent, laissant leur camaradi pendu. En revenant, ils le trouvèrent mort et l’enterrèrent. Le dimanche, le père du malheureux vint pour lui apporter du pain ; un des enfants lui raconta ce qui s était passé et iui montra la tombe. Mais le père tua le jeune pâtre à coups de couteau, lui ouvrit le corps en arracha le foie, et le servit au père de sa victime ; ensuite Il lui dit â qui appartenait ce foie qu’il avait mangé. Làdessus les deux familles se mirent à s’entr’égorger et dans l’espace d’un mois, trente-six personnes, tant hoinmci que femmes, périrent assassinées.

‘ Stendhal, qui a ai bien peint 1-énn

que de la Renaissance (la ChaHrcmc de PaLt, éd fleo a«r meseinble reposer sur une profonde obsermioi psXiorique’ p. S15*) ’ »““ie 1437. (ârch. uor., xvî, Î,'