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LA DÉCOUVERTE DU MONDE ET DE L’HOMME.


leur présence aidait à entretenir une certaine terreur parmi le peuple. En outre, leurs faits et gestes étaient considérés comme une source de présages ; notamment leur fécondité était un signe de prospérité générale, et le grave Giovanni Villaui lui-même ne dédaigne pas de rappeler qu’il a vu la lionne donner le jour à des petits [1]. On avait l’habitude de donner les lionceaux à des villes ou à des souverains amis, ou même d’en faire cadeau à des condottieri pour récompenser leur valeur [2]. Outre les lions, ies Florentins ont eu de très-bonne heure des léopards, dont s’occupait un employé spécial [3]. Borso de Ferrare [4] faisait battre ses lions avec des taureaux, des ours et des sangliers.


    espace fermé, des taureaux, des cbevaux, des sanglieps, des chiens, des lions et une girafe ; mais les lions se couchèrent et ne voulurent pas attaquer les autres animaux. Comp. Sicordi di Firense, lier. fiai, script, ex Florent, eod., t. II, col. 74ï. Tous les auteurs ne sont pas d’accord là-dessus ; voir p. ex. Vita Pii II, Mürat., Ill, ii, col. 976. (Voigt, Sylviüs Ænéas, III, p. 40 ss.) Plus tard, le sultan des mameluks, Kaytbey, donna une seconde girafe à Laurent le Magnifique. Comp. Paul. Jov., l’itaLeoms X, L [. U y avait en outi’e dans la ménagerie de Laurent un magnifique lion, qui fut déchiré par les autres lions et dont la mort fut considérée comme le présage de la mort de Laurent.

  1. Gio. Villani, X, 185 ; XI, 60. Matteo Villani, III, p. 90 ; V, 08. Matteo consacre aux lions le chapitre cité en premier lieu, pour réfuter des assertions erronées et prouver 1’» qu’il est né des lions en Italie, et 2® que ces lions sont venus au monde vivants. — Quand les lions se battaient ou qu’ils allaient même jusqu’à se tuer, cela était regardé comme un présage fâcheux. Comp. Varchi, Stor. Jlorent,, III, p, 143.
  2. Matt. Vill. et Cron. di Perugia. Areh. Stor., XVI, il, p. 77 ; chronique de l’année 1497. — Un jour, les deux lions des Pérngins se sauvèrent. Ibid., XVI, i, p. 382 ; chronique de l’année 1434.
  3. Gaye, Carteggio, I, p. 422, sur l’année 1291. Les Visconti se servaient même de léopards dressés pour chasser des lièvres, qu’on faisait lancer par de petits chiens. Comp. de Kobell, Wildanger, p. 247, où l’on trouve aussi des exemples postérieurs de chasse au léopard.
  4. Sirozii poetœ, fol. 146, De Leone Borsii dueis. Le lion épargne les lièvres et les petits chiens ; le poëte veut faire entendre qu’il