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CHAPITRE VIII
LES FÊTES

Si nous rattachons l’étude des fêtes à celle de la vie sociale, ce n’est point par caprice d’auteur[1]. L’art et la magnificence que l’Italie de la Renaissance déploie dans les fêtes qu’elle donne[2], n’ont pu se produire que grâce à la vie en commun de toutes les classes, qui d’ailleurs forme aussi la base de la société italienne. Dans le Nord, les couvents, les cours et les populations des villes avaient leurs fêtes particulières comme en Italie, mais elles différaient les unes des autres par le style et par les détails, tandis qu’ici elles arrivent à une perfection générale par suite de la diffusion de la culture et du sentiment de l’art. L’architecture décorative, qui prêtait son concours à ces fêtes, mérite un chapitre spécial dans l’histoire du beau, bien qu’elle ne nous apparaisse plus que comme une image de fantaisie, que nous sommes réduits à reconstituer d’après les descriptions de l’époque. Ici la fête elle-même nous intéresse comme un moment solennel de l’existence du peuple, où l’idéal moral, religieux et poétique qu’il s’est formé, prend une forme

  1. On peut comparer à la partie suivante J. Burckhardt, Histoire de la Renaissance en Italie (Stuttgart, 1868), p. 320-332.
  2. Comp. p. 41 où ce luxe de mise en scène est attaqué comme un obstacle au développement du drame dans le sens élevé du mot.