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il élève les fils avec une fermeté mêlée de douceur [1], il les surveille avec soin, et les gouverne par la persuasion, employant « plutôt l’autorité que la force » ; enfin il choisit et traite les employés et les serviteurs d’après des principes tels qu’ils s'attachent à la maison.

Relevons encore un trait qui, à vrai dire, n’est nullement particulier à ce petit livre, mais sur lequel l’auteur insiste avec une certaine complaisance : c’est l’amour de la vie champêtre [2]. Dans le Nord, c’étaient les nobles et les moines appartenant aux ordres les plus considérables qui habitaient la campagne ; les premiers se confinaient dans leurs châteaux, les autres dans leurs couvents ; quant aux bourgeois, même les plus riches, ils vivaient toute l’année à la ville. En Italie, au contraire, du moins en ce qui concerne les environs de certaines villes [3], la sécurité politique et la sécurité de la vie privée étaient plus grandes, d'autre part, l’amour du grand air était si vif qu’on aimait mieux s'exposer aux hasards de la guerre en vivant en pleine campagne que de rester en sûreté derrière les murs d’une cité. C’était ainsi que le citadin aisé en vint à construire sa villa. C’est encore un souvenir précieux de la Rome antique qui revit, dès que la prospérité matérielle et la culture de l’esprit ont fait des progrès suffisants dans le peuple.

Notre auteur trouve dans sa villa le bonheur et la paix ;

  1. Voir appendice no 5.
  2. Pourtant il y a aussi des opinions contraires. J. A. Campants IV, 4, ed. Menken) se prononce contre la rie cbampéire et la villa. Sans doute il dit : Ego ti Tustieus natta non essem, facile langerer volupiate. Mais comme il est né paysan, Quod tibi deîicia mihi satietas est.
  3. Giovanni Villani, XI, 93 . Sur la construction des villas des Florentins avant le milieu du quatorzième siècle ; leurs villas étaient plus belles que les maisons qu’ils avaient à la ville ; aussi dit-on qu’ils y dépensaient plus qu’il n’était raisonnable de le faire