Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VII
LA VIE D’INTÉRIEUR

Après la société italienne, la vie d’inférieur mérite aussi d’étre étudiée. On est généralement porté à croire que, vu le relâchement des mœurs, l’intérieur des Italiens de cette époque était un foyer de corruption ; ce côté de la question sera traité dans la partie suivante. Nous nous bornerons à rappeler, en attendant, qu’en l’italie l’infidélité conjugale a été loin d’avoir sur la famille une action aussi dissolvante que dans le Nord, tant que certaines bornes sont respectées.

La constitution de la famille au moyen âge était un produit des mœurs régnantes ou, si l’on veut, la conséquence naturelle des instincts nés du développement des peuples et le résultat de la manière de vivre, telle qu’elle était déterminée par la condition et la fortune. La chevalerie dans son plus beau temps laissa la famille intacte ; la vie des chevaliers se passait dans les cours et sur les champs de bataille ; leurs hommages appartenaient de droit à une autre femme qu’à l’épouse légitime ; chez eux, dans leur château, les choses se passaient comme elles pouvaient[1]. C’est la Renaissance qui la première essaye de modifier et de régulariser la famille. Une éco-

  1. Y avait-il réellement des chevaliers errants mariés ?