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brusques alternatives de sensualité bestiale, d’âpre cupidité et de passion sérieuse qu’elles traversent, ainsi que l’hypocrisie et la perversité diabolique des courtisanes sur le retour, n’ont peut-être jamais été mieux décrites que par Giraldi, dans les Nouvelles qui forment l’introduction de ses Hecatommithi ; Pierre Arétin, dans ses Ragionamenti, fait plutôt sa propre monographie que celle de cette classe malheureuse.

Les maîtresses des princes, ainsi que nous l’avons montré plus haut à propos des grandes maisons régnantes (t. I, p. 66, 67), parlent à l’imagination des poëtes et des artistes ; c’est ainsi que leurs contemporains apprennent à les connaître et qu’elles passent à la postérité, tandis qu’on ne se rappelle plus guère que le nom d’une Alice Ferries, d’une Clara Dettin {maîtresse de Frédéric le Victorieux), et qu’il ne reste d Agnès Sorel qu’une sorte de légende amoureuse. Il n’en est pas de même des maîtresses des rois de la Renaissance, François Ier et Henri II.