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qui formait la succession de son épouï, d’abord contre le parti de ses meurtriers, plus tard contre César Borgia ; elle succomba, mais il lui resta l’admiration de tous ses compatriotes et le nom de « prima donna d’Italia [1] » On retrouve encore de ces fibres héroïques chez d’autres femmes de la Renaissance, bien qu’aucune d’entre elles n’ait eu plus l’occasion de faire preuve d’héroisme. Isabelle de Gonzague (t I, p. 55) est une de ces vaillantes natures ; Clarice, de la maison de Médicis, femme de Philippe Strozzi [2], ne lui est pas inférieure.

Sans doute, des femmes de cette trempe pouvaient laisser raconter en leur présence des nouvelles comme celles de Bandello, sans que la société fût compromise pour cela. Ce qnl domine dans cette dernière, ce n’est pas l’élément féminin tel que nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire le respect de certaines convenances, une réserve un peu mystérieuse, mais la conscience de l’énergle, de la beauté et d’un présent plein de vicissitudes redoutables. C’est pourquoi l’on trouve à côté de la décence et de la gravité dans les formes quelque chose que notre siècle est bien tenté d’appeler impudeur [3] : notre erreur vient de ce que nous ne pouvons plus nous figurer le contre-poids naturel de ce défaut de retenue apparent, savoir la puissante personnalité des femmes supérieures de l’Italie d’alors,

  1. C’est le nom que lui donne la chronique -.Chm, ûan» UnniT XXIV, col. IÎ1, dani te rèeil de la grande luite qn elle a soutenue (iW. e.il 12» ss.). on la désigne comme une Cotnp. {»ftmra. dansEcci«D.Ser.>i.,tl, col. 1981. et la noliee qui se Iroure dans GaeooaoTius, VU. p. 437, note I.
  2. Des chroniqueurs du temps parlent de son esprit et de son éloquence comme étant supérieurs à ceux d une feiume ordinaire, comp Ranke, Puilippe Strozzi, ddns les Etudes kisioneo-biographiques, l.pz . 18î8, p. 371, note ’2.
  3. Et qu’il l’est parfois. — LC Corttqzano apprend, 1. 111, fol. 107, comment les dames ont â se comporter quand elles entendent