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comme la troisième de l’ariosto [1], qui considère la femme comme un grand enfant difflcile à gouverner, que l’homme doit savoir conduire et qui est séparé de lui par un abime. Sans doute, ce dernier point est vrai dans un certain sens ; c’est précisément parce que la femme cultivée était l’égale de l’homme, que ce qu’on appelle l’union de deux intelligences et de deux âmes n’a pu se généraliser dans le mariage comme plus tard dans le monde civilisé du Nord.

D’abord l'éducation de la femme dans les classes élevées est la même que celle de l’homme. Les Italiens de la Renaissance n’hésitent pas le moins du monde à faire faire à leurs fils et à leurs filles les mêmes études littéraires et même philologiques (t. I, p. 272) ; comme on voyait dans cette culture mélée d’éléments modernes et d’éléments antiques le bien le plus précieux de la vie, on ne voulait pas la refuser aux filles. Nous avons vu même des filles de maisons princières arriver à manier la langue latine avec une remarquable perfection (t. I, p. 290) [2]. Les femmes étaient obligées de partager au moins les lectures des hommes afin de pouvoir suivre la conversation, dans laquelle l’antiquité jouait un rôle important. En outre, elles s’intéressaient à la poésie italienne, elles faisaient des canzone, des sonnets et des Improvisations. Bien des dames se rendirent célèbres par là, à commencer par la Vénitienne Cassandra Fedele

    (Ceux de leurs poëmes qui traitent ce sujet ont paru vers 1500 sous forme de manuscrit à Florence ; comp. Steinschneider, Bibliogr. hébr., VI, p. 48)

  1. ...........ordinairament aussi comme la cinquième et la sixième satire.
  2. Lorsque la reine de Hongrie, Béatrix, princesse napolitaine vint à Vienne en 1485, elle fut accueillie par une harangue latine et : ArrcM M geutmme nwra démina regina empt, «u» placida aadierai cubndcnda. Asouacb, t. II, p. 10, note.