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une petite ville [1] ; on croit retrouver les traits du second dans l′Apollon du Parnasse de Raphaël. Dans le cours du seizième siècle se forment des virtuoses pour tous les genres d’instruments ; Lomazzo cite (vers 1580) trois artistes renommés qui excellaient dans le chant et dans l‘art de jouer de l’orgue, du luth, de la lyre, du violoncelle, de la harpe, de la cithare, du cor et du trombone ; il voudrait voir figurer leurs portraits sur les instruments dont ils tiraient un si merveilleux parti [2]. Trouverait-on de pareils jugements hors de l’Italie, en supposant que les mêmes instruments eussent existé partout à cette époque ?

Ce qui prouve mieux que tout le reste quelle variété d’instruments l‘Italie possédait, ce sont les collections que les amateurs se plaisaient à faire. À Venise, dans cette ville si passionnée pour la musique [3], il y avait plusieurs collections de ce genre ; il suffisait que le

  1. ................dans Boscoe, éd. Bossi, Xll, p. 171, Est-ce peut-être le violoniste de la galerie Sciarra ? Dans la méthode de luth de Gerdes (1552) il y a quatorze numéros de Giovan Maria. — Un certain Giovan Maria de Cornetto est cité avec éloge dans rOr/aurfïaif (Milano, Í584, 111, 27).
  2. Lomazzo, Trattato dell* arte della pittura, p. 347 SS. DaQS le texte il n’est pas question de ce désir. Est-ce peut-être une interprétation inexacte de la phrase qui termine le traité : Et insieme vi n possono granosamente rappresentar convitti et simili abbili menti, che il pittore leggendo i poeti et gii historiei può, trovare eopwsamentc et anco essendo ingenioso et rieco dinvensione può per te stesso imaginare ? En parlant de la lyre, Taoteur nomme Léonard de Vinci, ainsi qu’Alphonse (due ?) de Ferrare. Il réunit en g néral les célébrités du siècle. Il y a dans le nombre plusieurs .iuifs. — La plus grande énumération de musiciens du seizième siècle, formant une génération plus ancienne et une autre plus récente, se trouve dans Rabelais ; voir le « nouveau prologue » du livre IV. — Un virtuose, l‘aveugle Francesco de Florence (mort en 1390, reçoit la couronne de laurier des mains du roi de Chypre, présent à Venise.
  3. Sansolino, Venezia, fol. 138 : i vera cota, che la musica hala tua propria sede in questa città. (Comp. aussì Sabellico dans le passage qui sera cité dans la note 3, page 180). Naturellement les mêmes amateurs collectionnaient aussi des recueils de musique.