Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’appliquaient à développer chez l‘individu non-seulement la force et l’agilité, mois encore la bonne grâce ; nous avons à cet égard des données positives. Il suffit de rappeler le grand Frédéric de Montefeltro (t. 1, p. 66), aimant à diriger lui-méme les jeux des jeunes gens qui lui avaient été confiés.

Les jeux et les exercices des gens du peuple ne différaient pas sensiblement de ceux qui étaient répandus dans les autres pays occidentaux. Dans les villes maritimes, les régates venaient naturellement s’ajouter aux fêtes populaires ; depuis longtemps les régates vénitiennes étaient justement célèbres [1]. Le jeu classique de l‘italie était et est encore aujourd’hui le jeu de paume ; il est possible qu’à l’époque de la Renaissance ce divertissement ait été cultivé avec plus d’ardeur et plus d’éclat que dans les autres contrées de l’Europe. Toutefois il n’est guère possible d’appuyer cette supposition sur des témoignages positifs.

C’est ici le lieu de parler aussi de la musique [2]. Vers 1500, les compositeurs étaient encore presque tous des maîtres de l’école flamande, que leur talent et l‘originalité de leurs œuvres rendaient l’objet d'une légitime admiration.

  1. Sansovino, Venezia, fol. 172 ss. On dit que les régates sont nées de l’habftude d’aller au Lido, où l’on tirait de l’arc ; la grande régate générale qui avait lieu le jour de Saint-Paul était légale depuis 1315. — Autrefois à Venise on montait aussi beaucoup à cheval, avant que les rues fussent pavées et que les ponts de bois fussent changés en ponts de pierre voûtés. Pétrarque iEpitt. seniUt, IV, 3, Fracassetti, Tol. I, p. 227 ss., et Ies notes de F., p. 235 ss,) décrit en 1364 un magnifique tournoi de cavaliers, qui eut lieu sur la place Saint-Marc; vers 1400, le doge Steno avait des écuries aussi belles qoe celles de n’importe quel prince italien. Pourtant, depuis 1291, il était généralement défendu de circuler à cheval aux alentours de cette place. — Dans la suite les Vénitiens passèrent naturellement pour être de mauvais cavaliers. Comp. I’Arioste, Sat., V, v. 208.
  2. Voir à l’appendice no 2.