La sociabilité dans le sens élevé du mot, cette sociabilité qui apparaît ici comme une œuvre d’art, comme l’expression la plus haute de la vie du peuple, a pour base la langue.
Aux beaux jours du moyen âge, la noblesse des nations occidentales avait cherché à mettre en vogue une langue « de cour » destinée à l’usage journalier et à la poésie. De même l’Italie, avec ses dialectes si variés, avait au treizième siècle son « curiale », qui était commun aux cours et aux poëtes. Le fait capital, c’est qu’on s’applique à en faire la langue des gens cultivés et la langue écrite. L’introduction des « Cent vieilles Nouvelles », qui ont été rédigées avant 1300, contient l’aveu de ces efforts. On considère ici la langue d’une manière absolue, en faisant abstraction de la poésie ; l’idéal, c’est l’expression simple, claire, élégante, appliquée à des discours, à des maximes, à des réponses remarquables par la brièveté. Cette expression idéale est l’objet d’un culte qu’on ne retrouve que chez les Grecs et chez les Arabes : « Que de gens, dans le cours d’une longue vie » ont eu peine à trouver un seul bel parlare ! »
Mais il était d’autant plus diffìcile de créer cette langue idéale qu’il n’y avait pas d’unité, pas d’ensemble