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Pierre Arétin remercie Côme Ier d'un envoi d’argent parfumé [1].

D’autre part, les Italiens étaient convaincus que, sous le rapport de la propreté, ils étaient supérieurs aux hommes du Nord. En s’appuyant sur des raisons générales tirées de l’histoire de la culture, on peut plutôt admettre que repousser cette prétention, attendu que la propreté est un des éléments de la perfection de l‘individu moderne, et que l’individu est arrivé à son complet épanouissement en Italie plus tôt que partout ailleurs ; en outre, le fait que les Italiens étaient une des nations les plus riches de l’époque, semble plutôt confirmer la chose que la démentir. Toutefois, on n’aura jamais de preuve certaine à cet égard, et, s’il s’agit d’établir la priorité en matière de principes de propreté, la poésie chevaleresque pourrait bien revendiquer l’honneur d’avoir été la première à poser des règles de ce genre. Ce qui est certain, c’est que les biographes de quelques personnages célèbres de la Renaissance vantent la propreté remarquable de leurs héros, surtout à table [2], et que, d’après le préjugé italien, c’est l’Allemand qui est l’idéal de la malpropreté [3]. Nous apprenons par Paul Jove [4] quelles habitudes malpropres Maximilien Sforza rapporta de l’Allemagne où il avait été élevé, et combien elles choquèrent ses compatriotes. Il est singulier qu’au quinzième siècle

  1. Chapitre I à Côme : Quei cento scudi nuovi e pro/umati che l’altro di mi mandaste a donare. On trouve parfois des objets de cette époque qui ont gardé leur parfum jusqu'à nos jours.
  2. Vespasiano Fiorent., p. 458, dans la Vie de Donato âedajuoU, et p. 625, dans la Vie de NiccoU. Comp. aussi plus haut, 1.1, p. 266 ss.
  3. Voir à l'appendice no 1.
  4. Paul. Jov., Elogia, p. 289 ; mais dans cette énumération il oublie l‘éducation allemande. Maxim. ne changeait jamais ses vêtements de dessous ; même des femmes célèbres furent impuissantes à l‘y décider.