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tations de mystères, où figuraient des centaines d’acteurs fardés et parés à l‘excès [1], aient contribué à répandre dans la vie journalière l’abus de ces oruements artificiels ; il n’en est pas moins vrai que cet abus était général, et que les filles de la campagne s’évertuaient à imiter les dames de la ville [2]. On avait beau dire en chaire que ces artifices étaient des inventions des courtisanes, les femmes les plus honorables, celles qui de toute l’année ne touchaient pas une boite de fard, étaient précisément celles qui se maquillaient les jours de fête, où elles se montraient en public [3]. — Que l’on considère cette habitude comme un symptôme de barbarie comparable à la manie qu’ont les sauvages de se tatouer, ou bien comme une conséquence du désir de conserver aux traits et au teint la beauté et la fraîcheur de la jeunesse, ce que sembleraient indiquer les soins multiples et minutieux qu’exigeait cette toilette de la figure, toujours est-il que les hommes n’épargnaient aux femmes ni les critiques ni les remontrances.

L’usage des parfums était également poussé à l’excès ; il s’étendait à tout ce qui entourait l‘homme. À l‘occasion de certaines fêtes, on allaitjusqu’â parfumer des mulets [4] ;

  1. Cenniîîo Cennini, Trattato èUUapittura (pubi, par Giuseppe Tam-BRONi, Rome, 1521), donne au chap. clxi, p 145 ss., une recette pour se peindre la figure ; il est évident qu’il a en vue des mystères ou des mascarades, car il recommande très-sérieu^sment de s’ahstenir en général du fard et des eaux de toilette, dont l’usage, dit-il, est surtout originaire de la Toscane (p. 146 ss.).
  2. Comp. La Mencia di Barberino, Str. 20 et 40. (Comp. 51ÏT Ce poëme de Laurent de Médicis le passage cité plus haut, p. 88.) L’amant lui promet de lui rapporter de la ville du fard et du blanc de cépuse dans un cornÂ- ;.
  3. Agn. Panoolpinî, Trattato del govemo della famiglia, p. 118, qui s’élève aussi très-énergiquement contre cet abus.
  4. Tristan. Caracciolo, dans Murat., XXII, col. 87, — Randello, parte li, nov. 47.