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corps, le teint, la couleur et la disposition naturelle des cheveux [1]. On vise à réaliser par tous les moyens un idéal qu’on s’est forgé, et l’on se fait à cet égard les illusions les plus singulières, les plus manifestes. Nous ferons complètement abstraction du costume ordinaire, qui, au quatorzième siècle [2], pêche par la bigarrure et par l’excès de richesse, mais qui plus tard devient plus élégant tout en restant riche, et nous nous bornerons à la toilette dans le sens le plus étroit du mot.

Tout d’abord on porte, on quitte et l‘on reprend de faux tours de cheveux, même en soie blanche ou jaune [3], jusqu’à ce que vienne un prédicateur de carême qui touche les cœurs trop portés aux vanités du monde ; alors s’élève sur une place publique un élégant bûcher

  1. Comp. les passages correspondants de Falke : Modes et costumes allemands. Étude tur rhistoire dt la culture en Allemagne, en deux parties, Leipzig, 1858.
  2. Sur les Florentines, comp. les principaux passages de Giov*. ViLLANi, X, 10 et 152. [Ordonnances relatives à l’habillement et leur suppression ; Matteo ViLLANi, I, 4.) (Luxe incroyable à la suite de la pesle.)Le grand édit de 1330,portant réglementation de la mode, ne permet entre autres, sur les habits des femmes, que des figures brochées, et défend celles qui sont simplement • peintes • idipinîo). Faut-il entendre par là l’impression sur étoffes ? — Il est probable que non ; il est plutôt à supposer que les figures étaient peintes à la main, ce qui rendait les habits beaucoup plus chers ; c’est là ce qui aura sans doute motivé l’interdiction de ce luxe tout particulier. L’impression sur étoffes aurait coûté meilleur marché que le brochage. Voir une longue énumération d’artifices de toilette employés par les femmes dans boccace, De cas vir. ilî., lib. I, cap. XVin, /« mulieres.
  3. Les fausses nattes en cheveux s’appellent capeüi owrn. Les hommes aussi portent des perruques : témoin Giannozo Manetti. Vesp. BIST., Commentano, p. 103. (Il est possible quil ne faille pas entendre ainsi le passage de l’auteur, qui n est pas tout à fait clair ) — sur les fausses dents eu ivoire que se fait mettre un prélat italien, mais dans le seul but de conserver la netteté de sa prononciation, voir AnshelM, Chronique de Berne, IV, p. 30 (1508). Déjà dans Boccace il est question de dents d’ivoire : Demeseasu suUtttos reformare ehore fvucatos pigmentis genmîsqut i» albtdinem revocare pristintm.