les mots du texte.) Il y avait 3,000 barques, 300 navires et 45 galères ; les barques étaient montées par 17,000 marins. (Il y avait plus de 200 hommes par galère.) À ce chiffre venaient s’ajouter 16,000 ouvriers travaillant à la construction des navires. Les maisons de Venise avaient une valeur estimative de 7 millions, et rapportaient un demimillion de loyer[1]. Il y avait 1,000 nobles possédant de 70 à 4,000 ducats de revenu. Les revenus publics ordinaires sont évalués, pour l’année 1423, à 1,100,000 ducats ; par suite des crises commerciales qui résultèrent des guerres, ce chiffre était tombé au milieu du quinzième siècle à 800,000 ducats[2].
Si, par des calculs de ce genre et par leur application à la vie matérielle, Venise est la première à montrer un des grands côtés du système politique moderne, par contre, elle est dans une certaine infériorité sous le rapport de ce genre de culture que l’Italie mettait alors au-dessus de tout. Ce qui lui manque, c’est le goût des belles-lettres et surtout la passion de l’antiquité classique[3]. Les dispositions pour les études philosophiques et pour l’éloquence, dit Sabellico, étaient aussi grandes à Venise que les aptitudes commerciales et politiques ; mais les indigènes ne les cultivaient pas, et,
- ↑ Il s’agit de toutes les maisons, et non pas seulement des bâtiments qui appartiennent à l’État. Il est certain que ces derniers rapportaient souvent des sommes énormes ; compar. Vasari, Xiri, 83, Viia diJac, Sansovino,
- ↑ Ce renseignement se trouve dans Sañudo, col. 963 ; â ce propos, l’auteur dresse aussi ie tableau des revenus des autres puissances italiennes et européennes. Voir un compte public de 1490, coi. 1245 ss.
- ↑ Il paraît que cette antipathie pour l’antiquité allait chez ie Vénitien Paul II jusqu’à la haine ; il appelait les humanistes sans exception des hérétiques, Platina, Vita Pauli, p. 323. — Compar, en général t Voigt, la Renaissance de Vantiquité classique (Berlin, 1859), p. 207-213. Le mépris de l’antiquité est considéré par Lil. Greg. Giraldus (Opera, t. II, p. 439) comme une des causes de la prospérité de Venise.