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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

ce qui est certain, c’est que la pauvreté de beaucoup de nobles était une cause de démoralisation qu’on ne pouvaitpas supprimer tout d’un coup. En 1494, deux nobles demandèrent que le sénat votât une somme annuelle de deux mille ducats pour venir en aide aux gentilshommes pauvres sans emploi ; cette motion était sur le point de passer au Grand Conseil, où elle aurait pu trouver une majorité favorable, lorsque le Conseil des Dix intervint à temps et relégua les deux pétitionnaires à perpétuité dans nie de Chypre, à Nicosie[1]. Vers cette époque, un certain Soranzo fut pendu â l’étranger comme sacrilège, et un Contarini fut condamné aux fers pour vol avec effraction ; un autre membre de la même famille parut en 1499 devant la Seigneurie et se plaignit d’étre sans emploi depuis de longues années, de ne posséder que seize ducats de revenu pour entretenir neuf enfants, d’avoir avec cela soixante ducats de dettes, de ne pouvoir se livrer à aucun genre d’occupation et d’être absolument sans asile. On comprend que certains nobles riches bâtissent des maisons pour assurer des logements gratuits aux nobles pauvres. On construisit aiusi des maisons et même des rues entières pour l’amour de Dieu i les testaments de l’époque imposent fréquemment aux légataires des œuvres de charité de ce genre[2].

Cependant les ennemis de Venise auraient eu tort de fonder des espérances sérieuses sur de pareils embarras. Il est permis de croire que l’essor du commerce, qui assurait même au moindre artisan un salaire rémunérateur, et que les colonies de l’est de la Méditerranée détournaient de la politique les forces qui auraient pu

  1. ..............et 1^535”™°’
  2. Marin Sakddo, iïie Dmhi, Mdrlt., XXII, col. 1194,