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CHAPITRE VI. — LES ADVERSAIRES DE LA TYRANNIE.

terrible, Cependant, à ne considérer que le but, il n’y avait pas pour les complots secrets de modèle aussi séduisaut que celui-là.

Chez les Florentins, chaque fois qu’ils se débarrassèrent ou voulurent se débarrasser des Médicis, le tyrannicide était un idéal ouvertement proclamé. Après la fuite des Médicis (1494), on enleva de leur palais le groupe en bronze de Donatello[1], représentant Judith et sa victime Holopherne, et on le plaça devant le palais des seigneurs, à l’endroit où l’on vit plus tard le David de Michel-Ange, avec cette inscription : Exemplum salutis publias cives posuere, 1495 [2]. On invoquait surtout l’exemple de Brutus le jeune, que Dante[3] met encore avec Cassius et Judas Ischarioth au plus profond de I enfer, parce qu’il a trahi l’Empire. Pierre-Paul Boscoli, qui échoua dans sa conspiration contre Julien, Jean et Jules de Médicis (1513), avait professé l’admiratiou la plus fanatique pour Brutus et avait promis solennellement de l’imiter s’il trouvait un Cassius ; en effet, Augustin Capponi se chargea de le seconder. Les dernières paroles qu’il prononça en prison [4] sont un des documents les plus précieux que nous ayons sur les idées religieuses d’alors ; elles montrent quels efforts il avait faits pour chasser ses idées païennes et mourir en chrétien. Il faut qu’un ami et que son confesseur lui affirment que saint Thomas d Aquin condamne les conspirations en général ;

    quihm pm-um domre ; tirmd magis „„du edere, bibere, vigilare, msira omma bonapolhceri, etc.

  1. Vasari, m, 251. Note sur V. di Donatello.
  2. Il se trouve aujourd’hui dans un bâtiment nouvellement construit, qui est destiné à devenir une académie de Michel-Ange.
  3. Inferno, XXXIV, 64.
  4. Reproduites par le témoin auriculaire Luca delta Robbia, Archiv............