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CHAPITRE VI. — LES ADVERSAIRES DE LA TYRANNIE.

encore plus d’une fois l’influence dans les questions morales , et particulièrement dans les questions politiques les princes eux-mémes donnaient l’exemple, attendu que, dans l’idée qu’ils se faisaient de l’État aussi bien que dans leur conduite, ils prenaient souvent pour type l’Empire romain d’autrefois. De même leurs adversaires s’inspiraient de l’exemple des tyrannicides antiques, dès qu’ils raisonnaient leurs attentats. Sans doute Il est difficile de prouver la contagion de ces exemples en ce qui concerne la chose principale, c’est-à-dire la résolution d’agir ; mais il n’en est pas moins vrai qu’en invoquant l’antiquité, ils songeaient à autre chose qu’à faire des phrases sonores et des déclamations pompeuses. Nous possédons les renseignements les pins curieux sur les meurtriers de Galéas Sforza, Lampugnani, Olgiati et Visconti[1]. Ils avaient tous les trois des motifs tout personnels pour se débarrasser du tyran, et pourtant la résolution de le frapper est venue peut-être d’une raison plus générale. Cola de Montani, humaniste et professeur d’éloquence. avait fait naître dans le cœur des jeunes nobles milanais qui suivaient ses cours un désir confus de gloire et un vague besoin de faire de grandes choses pour ia patrie, et il avait fini par parler à Lampugnani et à Olgiati de la nécessité de délivrer Milan de la tyrannie. Bientôt il devint suspect, fut banni, et dut laisser les jeunes gens à leur fanatisme sans pouvoir le diriger. Environ dix jours avant d’agir, ils jurèrent solennellement, dans le couvent de Saint-Ambroise de tapper Galéas ; « puis, dit Olgiati, j’allai devant une image de saint Ambroise, dans une chapelle écartée je levai les yeux vers le saint et le suppliai de nous assister,

  1. col. - vL’piosTautpy«.