ciens et les artistes. L’académie fondée par lui[1] a pour mission de servir le prince et non de former des jeunes gens ; aussi a-t-il besoin, non de la gloire des membres qui la composent, mais seulement de leurs lumières et de leurs travaux. Il est certain que dans le principe Bramante fut maigrement rétribué [2] ; cependant Léonard de Vinci reçut régulièrement jusqu’en 1496 un traitement considérable ; d’ailleurs qu’est-ce qui aurait pu le retenir à cette cour s’il n’avait pas voulu y rester ? Le monde lui était ouvert comme peut-être à n’importe lequel des artistes d’alors, et si quelque chose prouve que Ludovic le More était une nature supérieure, c’est précisément le long séjour de ce grand maître à la cour de Milan. Si plus tard Léonard de Vinci a servi César Borgia et François Ier, c’est qu’il a peut-être été séduit aussi par le caractère extraordinaire de ces deux hommes.
Ludovic le More fut emprisonné par les Français (avril 1500) lorsqn’ü revint de l’Allemagne, où il s’était réfugié. Il laissait des fils qui avaient été élevés par des étrangers et qui étaient incapables de se conduire d’après le testament politique de leur père. L’ainé, Maximilien, ne lui ressemble plus du tout ; le plus jeune, François, n’était du moins pas incapable de s’élever à une certaine hauteur. Milan, qui à cette époque changea si souvent de maître et qui souffrit cruellement de ces fluctuations politiques, chercha du moins à se garantir contre les réactions ; en 1512, lorsque les Français se reliraient devant l’armée de la sainte Ligue et de Maximilien Ier, ils accordèrent aux Milanais des lettres rêver-
