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APPENDICES.

lui-même ; on trouve tout aussi peu chez lui des portraits et des jugements : il loue d’une manière tout à fait générale les personnages qu’il rappelle, ou se contente même de les nommer purement et simplement. L’auteur ne parle pas non plus de lui-même ; il dit tout au plus que Guarino a été son maître, que Manetti a écrit un livre sur un sujet qu’il (Facius) a aussi traité, que Bracellius est son compatriote, et qu’il est lié avec le peintre Pisano de Vérone (p. 17, 18, 19, 48) ; mais à propos de Lor. Valla, par ex., il ne dit pas un mot des violentes querelles qu’il a eues avec ce savant. Par contre, il ne manque pas de manifester sa haine contre les Turcs et sa piété (p. 64), de nommer, dans son patriotisme italien, les Suisses des barbares (p. 60), et de dire de P. P. Vergerius : Dignus qui totam in Italia vitam scribens exegisset (p. 9).

Parmi tous les hommes célèbres, ce sont les savants qu’il estime le plus, et entre ceux-ci il préfère les oratoret, auxquels il a consacré presque le tiers de son livre : cependant il rend justice aux jurisconsultes distingués et montre une prédilection toute particulière pour les médecins, qu’il divise fort bien en théoriciens et en praticiens ; il raconte de ces derniers des diagnoses et des opérations bien Faites. Aux médecins il rattache les théologiens et les philosophes, ce qui n'est pas moins étrange que de le voir mettre immédiatement après la partie qui traite des médecins celle qui est consacrée aux peintres, c’est-à-dire à des artistes qui, comme il le dit lui-même, sont de la famille des poetes. Malgré le respect qu’il a pour la science, respect qui se manifeste même dans les éloges qu’il donne aux princes protecteurs des savants, il est trop courtisan pour ne pas enregistrer, à propos des savants dont il fait la biographie, les faveurs dont ils ont été Tobjet de la part des princes, et pour ne pas désigner les princes, dans l’introduction de la partie qui leur est consacrée, comme des hommes qui veiuti corpus membra, fia omnta genora qum tupra mémoravimus, regunt ac Suentur.

La langue dont se sert l’auteur est simple et naturelle, et, malgré le peu de détails qu’il donne, on trouve dans ce livre bon nombre d’observations instructives. Il est à regretter que Facius ne soit pas entré plus avant dans les particularités de la vie de ses personnages, et qn’à rénumération des écrits qu’il cite il n’ait pas ajouté quelques mots iudiqaant leur contenu ou déterminant leur valeur.

Paolo Gortese (né en 1465, mort en 1510) est bien plus succinct dans son écrit De homimbus dœtis diatogus (publié pour la première fois à Florence, en 1734). Ce dialogue, écrit vers 1490 sans doute, parce qu’il parle de la mort d’Antonius Geraldinus, survenue en 1488, et qu’il est dédié à Laurent de Médicis, qui n’a vécu que jusqu’en 1492, se distingue de l’ouvrage de Facius, écrit un quart de siècle auparavant, non-seulement par l’exclusion de tous Ies