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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

grands, rendirent possibles de tels établissements ; beaucoup d’entre elles disparurent ou se transportèrent ailleurs. Telle fut l’Académie de Naples, qui se réunit autour de Jovianus Pontanus et dont une partie alla s’établir à Lecce[1] ; celle de Pordenone, qui forma la cour du général Alpiano, etc. Nous avons parlé plus haut (p. 54) de celle de Ludovic le More et du rôle particulier qu’elle jouait dans I‘entourage du prince.

Vers le milieu du seizième siècle, ces sociétés semblent avoir snbi une transformation complète. Les humanistes, qui ont perdu le rang élevé qu’ils occupaient dans la vie et qui sont devenus suspects à la contre-réforme, cessent d’avoir la direction des académies ; d’ailleurs, dans ces corps savants l’italien prend la place du latin. Bientôt chaque ville tant soit peu importante eut son académie avec un nom aussi bizarre que possible, et avec une fortune propre, provenant de cotisations et de legs. Outre l’habitude de réciter des vers, ces académies adoptèrent[2], à l’exemple des Latins d’autrefois, le banquet périodique et l’usage des représentations scéniques ; les drames représentés étaient joués, soit par les académiciens eux-mêmes, soit par des jeunes gens qu’ Is dirigeaient par leurs conseils ; plus tard, ce furent des acteurs payés. Le sort du théâtre italien, plus tard même celui de l’opéra, sont restés longtemps entre les mains de ces sociétés.

  1. Anton. Galatei EpUt. 10 et 12, dans Mai, SpidUg, Rom,, vol. VIII.
  2. C’est ce qu’on avait vu déjà avant le milien du siècle. Comp. Lil. Greg. Gyraldus, De poetit nond temp., U.