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CHAPITRE XI. — L’HUMANISME AU SEIZIÈME SIÈCLE.

Nous voudrions bien finir par le portrait d’un savant à la fois aimable et heureux, tel que Pomponius Lætus, par exemple ; malheureusement nous n’avons d’autres documents sur lui que la lettre de son élève Sabellicus[1]. qui représente à dessein Lætus sous des traits antiques. Esquissons à tout hasard cette figure de l‘auteur en question. II était (p. 311) un bâtard de la maison des Sanseverino de Naples, princes de Salerne ; mais il ne voulait pas les reconuaître, et, en réponse à l’invitation de venir vivre près d’eux, il leur écrivit ce billet fameux ; Pomponim Lætus cognatis et propinquis suis salutem. Quod petilisfieri non poiesL Válete. C’était un tout petit homme avec de petits yeux vifs, toujours vêtu d’une manière singulière ; dans les vingt ou trente dernières années du quinzième siècle, il fut professeur à l’université de Rome, et, en cette qualité, il habitait tantôt la maison ornée d’un jardin qu’il possédait sur le mont Esquilin, tantôt sa vigne du Quirinal. Là il élevait ses canards et d’autres volatiles, ici il cultivait sa terre en observant rigoureusement les préceptes de Caton, de Varron et de Columelle ; il passait les jours de fête en pleine campagne, péchant ou prenant des oiseaux, ou bien buvant frais à l’ombre, près d’une source ou sur les bords du Tibre. Il méprisait les richesses et les douceurs de la vie. Il ne connaissait ni l’envie ni la médisance, et il ne souffrait pas dans son voisinage les gens affligés de cette triste passion ; il se réservait une grande liberté de parole à l’égard de ses rieurs ; du reste, à part les dernières années de sa vie,

  1. M. Ant. Sabellici Opera, Epiet., 1. XI, fol. 56. L’ouvrage a aussi paru à part sous le titre ; Sabellicüs, f/ita Pomponii Lmi, strasJj., 15to. Voir la biographie correspondante dans les Elogia, p. 76 ss ’ de Paul Jore.