haine et le culte dont ils sont tour à tour l’objet fortifient nécessairement en eux ce sentiment. Ils sont les exemples et les victimes les plus remarquables de la subjectivité livrée à elle-même.
Les accusations et les portraits satiriques datent de loin, comme nous l’avons fait observer ; la raillerie guettait toute personnalité marquante, tout genre de célébrité. En outre, les victimes fournissaient des armes terribles contre elles-mêmes, et la médisance n’avait qu’à les employer. Au quinzième siècle encore, Battista Mantovano, énumérant les sept monstruosités[1], range les humanistes et beaucoup d’autres sous la rubrique : orgueil ; il montre ces soi-disant fils d’Apollon s’avançant avec une gravité de commande, l’air fâché et hargneux, semblables à la grue qui picore, tantôt regardant leur ombre, tantôt affamés de louange. Il était réserve au seizième siècle de leur faire sérieusement leur procès. C’est ce que nous apprend l‘Arioste, mais surtout leur historien spécial, Gyraldus; sa dissertation[2], écrite sous Léon X, dont il appelle le siècle l’âge d’or, ftit probablement remaniée vers 1540. Nous y trouvons quantité d’exemples anciens cl modernes du peu de moralité et des misères des lettrés; en outre, l’auteur formule de temps à autre les graves accusations que la voix publique dirige contre eux. Ce qu'on leur reproche surtout, c’est leur violence, leur vanité, leur entêtement, le culte qu’ils ont pour leur personne, les désordres de leur vie privée, les dérèglements de tout genre, l’hérésie, l’athéisme ; puis le talent de parler sans conviction, leur funeste