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CHAPITRE XI
DÉCADENCE DE L’HUMANISME AU SEIZIÈME SIÈCLE.

Après avoir, depuis le commencemeat du quatorzième siècle, fourni plusieurs générations brillantes de poètes philologues, rempli l’Italie et le monde du culte de l’antiquité, formé la base du développement intellectuel et de l’éducation, souvent même joué un rôle considérable dans le domaine politique, et reproduit avec éclat la littérature ancienne, les humanistes tombèrent partout en discrédit au seizième siècle, c’est-à-dire à une époque où l’on ne voulait pas encore se passer tout à fait de leurs leçons et de leur savoir. On continue à parler, à écrire comme eux, mais personnellement on ne veut plus faire partie de leur corporation. Jusqu’alors on les avait surtout accusés d’orgueil, on leur avait reproché leurs excès scandaleux ; désormais une troisième voix se fait entendre, celle de la contre-réforme ; on les accuse d’incrédulité.

Pourquoi, dira-t-on, ces reproches, fondés ou non, n’ont-ils pas été formulés plus tôt ? Ils l’ont été d’assez bonne heure, mais sans grand résultat, évidemment parce qu’on dépendait encore trop des humanistes, parce qu’ils étaient exclusivement les dépositaires et les propagateurs des trésors de l’antiquité. Mais l’apparition de nombreuses éditions imprimées des