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CHAPITRE X. — LA POÉSIE NÉO-LATINE.

(morbus Gallicus), etc, ; il faut y ajouter un certain nombre de poèmes italiens de longue haleine. De nos jours on a l’habitude de condamner tous ces ouvrages sans les avoir lus, et nous serions incapables de dire jusqu’à quel point ces poèmes didactiques méritent qu’on s’en occupe[1]. Une chose est certaine, c’est que des époques où le sentiment du beau était infiniment plus développé que dans la nôtre, c’est que le monde grec à son déclin, le monde romain et la Renaissance n’ont pas pu se passer de ce genre de poésie. On peut objecter, il est vrai, que ce n’est pas le sentiment du beau qui nous manque, que nous sommes plus sérieux en tout, et que la nécessité de répandre partout ce qui est digne d’étre enseigné exclut la forme poétique ; mais ce sont là des questions que nous n’avons pas à examiner.

Un de ces ouvrages didactiques se publie encore de temps en temps[2] : c’est le Zodiaque de la vie, par Marcellus Palingenius (Pier Angello Manzolli), protestant de Ferrare, ouvrage qui fut composé vers 1528. L’auteur rattache aux plus hautes questions, à celles qui ont Dieu, la vertu, l’immortalité pour objet, l’étude d’un grand nombre de détails, et, sous ce rapport, son livre offre de précieux témoignages pour l’histoire des mœurs. Cependant, au fond, ce poëme sort déjà du cadre de la Renaissance, de même que, par suite de son caractère

  1. À propos des Colticazione, écrites en versi sciolti italiens par L. Alamanni (une des plus anciennes éditions, Paris, 1540 ; nouvelle édition des Œuvres, 2 vol., Florence, 1867), on pourrait soutenir que tous les passages ayant une valeur poétique sont directement ou indirectement empruntés aux poètes de l’antiquité.
  2. P. ex. par C. G. Weise, Lpz., 1832. Le livre, divisé en douze parties dont les titres portent les noms des douze signes du zodiaque, est dédié à Hercule II de Ferrare. Dans la dédicace on lit ce remarquable passage : Nam quem alium patronum in tota Italia inrenire possum, cui musœ cordi sint, qui carmen sibi oblatum aut intelligat, aut examine recto expendere sciat ? Palingenius aussi emploie indifféremment l’un pour l’autre Jupiter et Deus.